Le carnet d'Intima
16 April 2019
Enveloppe de vie, carte d’identité, marqueur de l’âge, la peau est le plus grand organe du corps humain ! À le toucher, le parer ou le parfumer, il nous est si familier qu’on croit bien le connaître. Mais que sait-on de l’incroyable aventure biologique de la peau ?
Dans nos sociétés, où l’apparence a pris une place considérable, la peau forme même un terrain d’affirmation de soi.
Il y a quarante ans quelques biologistes ont relevé le défi de reconstruire une peau humaine et les fruits de leurs recherches sont là : décodage de sa couleur, compréhension de l’impact des rayons ultraviolets du soleil, décryptage de mécanismes du vieillissement, amélioration des greffes de grands brûlés, remplacement des tests sur animaux, nouvelles approches de maladies rares comme celle des enfants de la Lune…
L’aventure scientifique continue avec la récente découverte de son hôte, le microbiome, un tapis de micro-organismes en surface soumis à toutes les agressions de l’environnement, véritable rempart vivant contre les infections qui communique avec l’intestin et le cerveau.
Proposée depuis le 13 mars et jusqu'au 3 juin 2019, l’exposition « Dans ma peau » entraîne le visiteur dans un voyage immersif, mêlant expériences sensorielles, projections et dispositifs inédits.
Elle lui réserve quelques surprises : entrer dans la peau de la surface à la cellule, identifier la couleur de sa propre peau dans un nuancier de possibles, découvrir la complexité fascinante de ce cinquième sens qui repose sur de multiples récepteurs, appréhender les ressources de ce prodigieux organe que les chercheurs ont su reconstruire pour aider à sauver des vies, réparer le corps… et nous sentir mieux dans notre peau.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
Entrez dans la peau
Le visiteur est invité à pénétrer dans l’exposition par un tunnel dont les murs reproduisent les images acquises par imagerie multi photons, une récente technique de microcopie laser puissante qui révèle la morphologie des différentes cellules dans leurs proportions réelles : la couche cornée, l’épiderme, le derme et l’hypoderme…
Photo ci-contre :
Gouttelettes de sueur
(microscopie électronique à balayage)
© L’Oréal R&I
Les profondeurs de la peau
Un spectacle vidéo projeté sur les murs accueille le visiteur à l’intérieur de la peau, juste sous la couche cornée et lui fait découvrir l’organisation de sa structure complexe : couche cornée, épiderme, récepteurs sensoriels, derme, vaisseaux sanguins, poils, glandes sudoripares et sébacées…. Au plafond, la vie extérieure déroule ses aléas (pluie, soleil… etc.) et leur impact apparent sur les couches supérieures de l’épiderme.
L’organe du toucher
Sur une console, l’utilisateur peut manipuler différentes zones d’un dispositif interactif répondant à plusieurs questions : “Que se passe-t-il dans ma peau quand je la tords ou je la pince ? quand je la tire ? quand je la presse ? quand elle touche une surface froide ? chaude ?...”. À chaque stimulation, le récepteur sensoriel correspondant s’affichera sur le mur et son intensité lumineuse pourra varier avec celle de la sollicitation. Car la peau ressent tout, absorbe tout, capte tout. Et délivre aussitôt un message à notre cerveau.
Photo ci-dessous :
© Matteo L’Oréal R&I
La couleur de peau
Le visiteur est face à un mur recouvert d’un nuancier des couleurs de peau. On l’invite à déterminer la couleur de sa peau en mettant sa tête ou sa main dans une chromasphère, un dispositif colorimétrique qui permet de mesurer précisément la couleur. Sur le côté, un écran permet d’afficher la couleur mesurée et de la resituer au sein d’un nuancier géant qui montre que l’ensemble des couleurs cutanées forme un continuum de couleurs. En face, pendant que le visiteur attend son tour pour la chromasphère, il peut observer une grande carte montrant la répartition des couleurs de peau à la surface de la planète. Une interview vidéo de Nina Jablonski (anthropologue de l’Université de Pennsylvanie), démontre que la corrélation entre la couleur de peau d’une population et le milieu dans lequel elle a évolué, illustrée d’explications graphiques sur le rôle de la mélanine, les facteurs qui peuvent moduler la couleur (latitude, âge, ethnie...). La couleur de la peau résulte d’un très long phénomène d’adaptation à l’environnement.
Photo ci-dessus :
Nuancier des couleurs de peaux
© L’Oréal
La peau barrière
Un
dispositif visuel et sonore de projection sur un corps illustre les
nombreuses qualités de souplesse et d’imperméabilité de la peau. Sans
elle, nous ne pouvons pas vivre.
En fonction des situations dans
lesquelles elle se trouve, la peau réagit pour nous protéger : son film
hydrolipidique en surface a un effet déperlant qui évite de se
transformer en éponge sous la douche, la sueur évite la surchauffe du
corps en le maintenant autour de 37°, la chair de poule rappelle qu’il
faut se couvrir, les frottements abrasifs provoquent un épaississement
local de la couche cornée, les UV déclenchent selon les carnations,
bronzage, coups de soleil, puis à long terme, rides et taches.
Photo ci-contre :
Peau sèche
© I. Walter L’Oréal R&I
Les signes du vieillissement de la peau
L’apparence
et la structure interne de la peau évoluent avec les âges de la vie :
nous passons de manière inéluctable d’une peau de bébé rebondie à un
corps ridé et parsemé de taches. Ce processus inéluctable est illustré
par trois morphings vidéo qui déroulent le processus d’apparition des
signes du vieillissement de la peau, dans deux conditions : avec une
protection UV et une bonne hydratation régulière, et sans protection.
Le microbiote de la peau
À
la surface de la peau, vit une couche vivante et invisible de milliards
de micro-organismes, microbes, bactéries et champignons : le
microbiote. Cette microflore commence à passionner les équipes de
chercheurs qui étudient le rôle de ces populations minuscules, plus ou
moins bénéfiques.
Deux écrans mobiles sur mâts permettent de
découvrir sur deux personnages - un adulte et un enfant - le détail, sur
plusieurs zones du corps, de cette microflore et d’aller à la rencontre
de ces sous-populations qui nous habitent et vivent en bonne
intelligence avec nous.
Reconstruire la peau humaine
Dans une ambiance de laboratoire à la scénographie ouverte, une série de stèles détaille toutes les étapes de la reconstruction de modèles de peau humaine, de la création de banques de cellules à l’ensemencement, de l’immersion à l’émersion de la culture, tandis qu’en face, un mur affiche en timelapse la croissance de l’épiderme. Un panneau affiche les grandes dates de l’ingénierie cutanée, car la peau est le premier organe fonctionnel à avoir été reconstruit, dans les années 1970.
Aujourd’hui on parle de modèles de peaux reconstruites, car ils ne présentent qu’une partie des composants et des fonctions de la peau. Même incomplets, ce sont de très bons outils de laboratoire pour étudier la physiologie cellulaire de la peau saine comme de la peau malade.
Des modèles de peau pour quoi faire ?
En introduction à cette dernière partie de l’exposition, une interview filmée d’Axel Kahn (médecin généticien), resitue dans leur contexte l’utilité de ces récentes recherches : les peaux reconstruites comme outil clinique pour des reconstructions de bien meilleure qualité (grands brûlés), comme outil d’étude de maladies génétiques rares (ex. Xeroderma Pigmentosum, la maladie des enfants de la Lune qui ne peuvent vivre à la lumière du jour car ils développent des cancers cutanés à répétition), comme support pour tester l’efficacité d’une technique ou d’un produit sur la peau, tout en permettant de limiter le recours à l’animal.
Photo ci-contre :Test sur un modèle d’épiderme reconstruit
© I. Walter L’Oréal R&I
Sauver la peau
Un jeu en mode commando où le visiteur se retrouve dans la peau d’un chercheur pour remplir une mission « sauver un grand brûlé » : il a pour interface une table tangible en réalité augmentée aux fonctionnalités tactiles qui lui apportent à la demande des compléments d’information, jokers et autres éléments qui vont le guider jusqu’au but.
Une fresque murale expose l’aventure scientifique qui a permis de venir en aide aux équipes de médecins qui traitent les enfants de la Lune, en mettant à leur disposition des peaux reconstruites issues des cellules affectées par cette maladie. De cette collaboration sont nés des modèles de peau saine hypersensibles aux UV qui ont permis d’étudier les dégâts qu’ils induisent. Les chercheurs ont ainsi découvert que les fibroblastes endommagés par les UVA jouaient un rôle actif dans le développement des tumeurs. Et que, contrairement à ce qu’on pensait, ces fibroblastes contrôlaient la pigmentation de la peau (et non pas les mélanocytes). Cette aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l’utilité, est connue sous le nom de sérendipité.
Et demain ?
Dans un spectacle holographique, un naïf et un expert dialoguent et présentent au visiteur les technologies d’avenir pour la recherche et la médecine (Bioimpression 3D, capteurs connectés…).
Photo Scénographie "Daans ma Peau" :
Simulation de la scénographiede l'exposition "Dans ma peau"
© L’Oréal
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