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Le carnet d'Intima

Tête-à-Tête

Rencontre : Un avenir à tisser

19 February 2025

Professeur universitaire et patron d’Oscalito, Dario Casalini, figure parmi les quelques professionnels du secteur très engagés dans la transformation vertueuse de l’industrie textile. Il vient de signer son premier ouvrage, traduit en français.

Monsieur Casalini, dans votre livre, Un Avenir à Tisser, vous militez “pour un textile bon, sain, propre, juste et durable”. Pouvez-vous nous expliquer ce que signifie chacun de ces termes et comment ils s’appliquent au monde de la mode ?

Tout d’abord, je pars du principe que la beauté ne peut et ne doit pas détruire les ressources naturelles, ni infliger de souffrance aux personnes impliquées dans la chaîne de production. Il est donc temps de considérer comme beau uniquement ce qui est également propre et durable pour l’environnement, juste pour la dignité et les droits des personnes engagées dans les processus de production, sain pour ceux qui utilisent ces produits (étant donné que la peau a tendance à absorber par osmose toutes les substances chimiques résiduelles sur le tissu) et durable, c’est-à-dire jamais jetable mais d’une qualité élevée et, de préférence, réparable.
La mode ne peut pas – ou plus -  se limiter à l’esthétique mais elle doit commencer à considérer son mode de production sous une perspective de traçabilité et de transparence.

On parle souvent de « fast fashion » et de son impact. Quelle est votre opinion sur ce modèle de consommation et quelles alternatives proposez-vous dans votre livre ?

Je ne trouve pas durable un système qui ne respecte ni l’environnement - en exploitant les ressources bien au-delà de leur taux naturel de régénération - ni les personnes, tout en gaspillant plus de la moitié de ce qu’il produit, laissant derrière lui des montagnes de déchets extrêmement difficiles à gérer.
Aucun effort vers la durabilité n’a de sens s’il ne s’accompagne pas d’une réduction de la quantité au profit de la qualité, en consommant beaucoup moins et beaucoup mieux. Cela ne signifie pas une décroissance économique, mais une croissance fondée sur des valeurs essentielles, qui souvent ne se mesurent pas, mais sur lesquels nous construisons la beauté, la justice et le bien-être.

Dans le contexte de la mode durable, on fait souvent référence aux matières naturelles. Quels sont les tissus ou matériaux que vous considérez comme vraiment « bons, propres et justes », et lesquels, au contraire, faudrait-il mieux éviter ?

Chaque fibre a des caractéristiques adaptées à une utilisation donnée. Les problèmes sont survenus lorsque certaines fibres - notamment synthétiques - ont été utilisées de manière excessive, simplement parce qu’elles étaient moins coûteuses, sans prendre en compte leurs impacts en termes d’extraction ou de libération de microplastiques. De même, l’introduction de fibres naturelles comme le coton dans des écosystèmes inadaptés a entraîné une perte de biodiversité et une surconsommation d’eau.
Le monde des synthétiques devrait évoluer vers un système de recyclage fermé, sans extraction de nouvelles énergies fossiles. Quant aux fibres naturelles, elles doivent être cultivées ou élevées dans le respect des cycles naturels de régénération, sans surexploitation ni recours excessif à des produits chimiques (engrais, désherbants, pesticides). Il n’existe pas de matériaux « bons » ou « mauvais » dans l’absolu : ce sont les processus humains qui peuvent causer des dégâts ou, au contraire, protéger l’environnement qui nous accueille.

Le coût des produits durables est souvent plus élevé. Que répondez-vous aux personnes qui trouvent difficile de faire face, financièrement, à la transition vers une mode plus éthique ?

Le prix bas d’un produit textile ne fait que masquer les coûts réels infligés à l’environnement (extraction de ressources, pollution) ou aux communautés humaines (exploitation). Ces coûts, nous les payons bien plus cher en termes de changement climatique, de catastrophes naturelles, d’inégalités, d’immigration ou de conflits sociaux.
En dépensant mieux, nous prévenons ces conséquences néfastes ; en payant peu, nous ne faisons que retarder l’échéance d’un coût bien plus élevé pour réparer des dommages souvent irréversibles. Par exemple, coûte-t-il plus cher de garantir un environnement de travail sain et sûr ou d’assister à vie un travailleur blessé qui ne pourra plus travailler ? Est-il préférable de produire et consommer de manière responsable ou de devoir reconstruire un territoire dévasté ?
Cela dit, chacun doit pouvoir contribuer selon ses moyens, sans culpabiliser : il est clair qu’un milliardaire consomme et pollue bien plus en un jour qu’une personne pauvre dans toute sa vie…

Pensez-vous que les grandes entreprises du secteur peuvent réellement changer leurs modèles économiques pour devenir plus durables ?

Je ne pense pas que les grandes entreprises de fast fashion aient un intérêt à modifier leurs modèles, ni que la loi puisse les y contraindre (le New Green Deal européen pour le secteur textile risque de pénaliser les entreprises vertueuses et de favoriser les filières opaques). Le seul changement réel, et durable, est culturel, il doit venir de la base, des citoyens qui choisissent un mode de consommation responsable. Le sursaut, que ce choix collectif transmettra au marché, sera le seul vrai levier de transformation ; inutile d’attendre des interventions d’en haut ou des technologies miraculeuses, prenons notre avenir en main et construisons ensemble un monde véritablement meilleur !

Quel rôle joue la durée de vie d’un vêtement dans la mode durable ? Pensez-vous que l’industrie et les consommateurs doivent repenser le concept même de « mode » dans ce sens ?

Selon certaines études, porter un vêtement une seule fois aggrave son impact environnemental (LCA) jusqu’à 80 %. Inversement, cet impact diminue dans les mêmes proportions si le vêtement est porté plusieurs fois ou durant plusieurs années.
La mode n’est pas incompatible avec l’idée d’esthétique durable, car, même si l’on considère que le vêtement est une forme d’expression qui précède la parole et le contact physique, il est impensable de changer de personnalité toutes les deux semaines, simplement pour suivre une tendance imposée par l’hyper - communication des réseaux !
Dans le passé, les héritages incluaient des objets conçus pour survivre au temps (immeubles, bijoux, vêtements). Il est donc urgent de sortir du cauchemar de la fast fashion, qui propose des articles fragiles et de mauvaise qualité, qui se transforment rapidement en déchets - cette fois très durables ! - et prenons le temps d’apprécier la beauté, saine, bonne, propre, juste et durable que la mode peut offrir.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux distributeurs et aux boutiques de lingerie, pour qu’ils prennent conscience et participent activement à promouvoir une façon de s’habiller bonne, propre et juste ?

L’être humain mange environ trois fois par jour, mais il est en contact avec des produits textiles 24 heures sur 24, surtout lorsqu’il s’agit de sous-vêtements. Il me paraît donc primordial, que tout particulièrement les magasins multimarques participent activement à la diffusion de la culture et des valeurs d’une filière textile transparente, propre et juste. Ce sont eux qui sont quotidiennement face à la clientèle et qui peuvent, par leurs conseils, contribuer efficacement à cette prise de conscience si nécessaire.


Comment appliquez-vous votre recette chez Oscalito ?

Bon

Oscalito sélectionne ses fournisseurs avec l’objectif de promouvoir et valoriser la culture textile locale, d’assurer le bien-être des travailleurs et de limiter les impacts environnementaux liés au transport. Pour cela, Oscalito utilise une chaîne d'approvisionnement locale dans laquelle 95 % des fournisseurs sont des partenaires de longue date. Parmi eux, 88 % se trouvent dans un rayon de 200 km de l’entreprise et 81 % possèdent des certifications environnementales relatives aux processus et aux produits.

Sain

Oscalito utilise presque exclusivement des fibres naturelles (91 % du total) ou d’origine naturelle (6 % du total). Tous les processus respectent les normes REACH, 74 % des produits sont certifiés OEKO-TEX Made in Green, 50 % des matières premières sont certifiées GOTS, et toute la laine utilisée est obtenue sans mulesing. 100 % des produits sont tracés grâce à la technologie RFID, du tissu au produit fini, 84 % du fil au produit fini, et 35 % de la fibre au produit fini.

Propre

La production est intégrée verticalement et se déroule entièrement dans l’usine de Turin, depuis le tissage jusqu’au produit fini, en passant par le finissage, la découpe, la confection, le contrôle qualité et la logistique. 32 % des produits sont entièrement monomatières et 69 % ne sont pas saisonniers. 100 % de l’énergie utilisée est renouvelable, dont 35 % autoproduite grâce à des panneaux solaires. Tous les déchets textiles pré-consommation sont recyclés.

Juste

Oscalito garantit la sécurité et la salubrité des lieux de travail. 83 % des employés sont des femmes. 90 % des contrats sont à durée indéterminée, 5 % en apprentissage et 5 % en administration. En 2023, 1720 heures de formation ont été dispensées aux employés. L’égalité salariale entre hommes et femmes est presque totale (ratio de 0,99) et 25 % des postes à responsabilité sont occupés par des femmes.

Durable

Les produits Oscalito sont conçus pour durer, grâce à la haute qualité des matières premières et aux critères d’écoconception. Ils sont également réparables afin de prolonger leur durée de vie. Le taux de retour pour défaut est inférieur à 0,1 %. Oscalito a remporté le prix de Bestselling Brand dans la catégorie Lingerie de Jour/Dessus-dessous en Italie et en France 10 fois depuis 2013.

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