Le carnet d'Intima
25 janvier 2018
...Une entreprise qui, dès ses débuts, a bousculé les règles du jeu avec
son approche globale de la production. René Frei, nous raconte comment
tout cela a commencé.
Monsieur Frei, à quand remonte votre toute première rencontre avec la broderie ?
Tout a commencé en 1972, lors d’un stage chez Jakob Rohner, où travaillait déjà Jürg Ruess, mon actuel associé. Après une parenthèse de 3 ans à Barcelone, pendant laquelle j’étudiais et travaillais chez un distributeur de broderie, je suis revenu en Suisse en 1977 chez un autre brodeur, Leumann Boesch, le temps de mettre de côté l’argent nécessaire pour démarrer une activité propre. C’est en 1978 qu’a démarré l’aventure de deux jeunes gens pleins d’entrain : nous avons été novateurs à l’époque en créant une structure ultra légère et en sous-traitant la production. Partant de zéro, nous avons dû utiliser les capacités de tiers, jetant ainsi les bases, très en avance, de ce qui est désormais un standard du secteur : sourcing international et délocalisation.
Quel a été votre tout premier client ?
Hewetsons, un distributeur de broderie au Royaume-Uni, spécialiste des galons, bien que mon objectif principal était déjà Marks & Spencer... Il m’a fallu quatre ans mais j’ai fini par obtenir ma première commande !
Quel a été le projet le plus compliqué que vous ayez mené à bien ?
Difficile à dire, chaque projet est différent. Peut-être en 1996/97, avec M&S. Il s’agissait d’organiser leur sourcing global… j’allais en Thaïlande quasiment une fois par semaine pour surveiller la production et entrainer les équipes. Mais il était encore trop tôt pour l’internationalisation et c’est pourquoi le projet a pris fin après une grosse commande. Huit ans plus tard, c’est ce même projet qui a permis à Embrex de devenir une entreprise globale.
Quelle a été la requête la plus surprenante que vous n’ayez jamais reçue de la part d’un client ?
L’un des projets les plus « fous » a été de créer une collection de lingerie, au sein de laquelle
chaque taille devait avoir son propre dessin exclusif ! Dans ce projet, nos équipes ont travaillé en étroite collaboration avec les techniciens de la maison Aubade. Il nous a fallu 12 mois pour mettre au point, un par un, les motifs de chaque bonnet… A la fin, cela nous a quand même apporté une grosse commande…
Y a-t-il une fois ou vous avez dit non ?
Une fois. Chez un client important, il y avait une acheteuse qui n’aimait rien de ce que je lui présentais ; à chaque proposition, elle avait une critique, bref elle n’aimait pas nos collections, ne nous aimait pas, ou elle ne m’aimait pas moi personnellement. Du coup, j’ai fermé le book et je suis parti en lui disant que je ne lui aurai plus jamais présenté de collection. Six mois plus tard, elle n’était plus là et j’ai repris mes visites comme avant.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre travail ?
Les défis… les défis quotidiens, la remise en question permanente, l’éternel recommencement et, bien sûr, le fait de travailler dans un univers de beauté et de féminité… C’est une vraie chance.
Ce qui était mieux avant et ce que vous préférez maintenant…
Avant, je dirais un certain sens de la loyauté, l’opportunité de bâtir des relations sur le long terme, dans le respect mutuel. Il est encore possible de le faire maintenant, mais c’est plus rare. J’aime en tout cas travailler avec la jeune génération, une génération avide d’idées pour créer des nouveautés.
Quelle est votre devise ?
Il vous le faut, on le fait ! C’était notre crédo il y a 40 ans et ça l’est encore aujourd’hui, tous les jours.
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