Le carnet d'Intima
02 February 2018
"BORDERLINE"
Présentée à Montrouge du 7 au 25 février 2018, cette nouvelle édition de l’exposition internationale MINIARTEXTIL, ouverte à tous et gratuite, invite le public à découvrir plus de soixante oeuvres, mini-textiles et installations monumentales, et à flirter avec les limites, les bords et les frontières, sur le thème « Borderline ».
Miniartextil propose une exploration de ce thème ultra-contemporain du déplacement des lignes et des frontières au travers de 54 mini-textiles et d'une dizaine d'installations textiles de grand format.
Les oeuvres sont installées au coeur du prestigieux Beffroi, haut-lieu de l’art contemporain où se tient également le Salon de Montrouge. Désormais incontournable dans le calendrier des amateurs d’art textile, l’exposition Miniartextil, venue de Côme en Italie, part chaque année à la découverte de la fibre créative d’artistes sélectionnés dans le monde entier. Un panorama de l’art textile contemporain qui bouscule les lignes, expérimente les limites...et s'en affranchit !
(photo : Katharina Lehmann - Black Cubes Solo)
MINI-OEUVRE OU INSTALLATION MONUMENTALE, L'ART TEXTILE SE CRÉE HORS NORMES !
Transgresser
les codes, aller au bord des possibles est toujours une source
d'inspiration ! Mais pour Miniartextil, tous les créateurs des
mini-textiles ont accepté de se plier à au moins une règle : un format
de 20 x 20 x 20 cm, la taille maximum d'une oeuvre mini-textile ! 20
puissance 3 : Un concept inédit qui a fait ses preuves, un format
original qui a fait le succès de Miniartextil et un véritable défi pour
les artistes !
Miniartextil c’est aussi l’art textile en grand, avec
plus d'une dizaine d'installations monumentales, défiant souvent la
mesure, à découvrir ou dans lesquelles s'immerger, et qui déploient le
sens de “Borderline” au-delà des dimensions convenues !
(photo : Leyun Wang, In the neighbor’s garden Soie )
AVEC "BORDERLINE", MINIARTEXTIL S'EMPARE D'UN ENJEU ESSENTIEL DU MONDE CONTEMPORAIN
Peu de sujets sont aussi actuels et brûlants que celui de la frontière, dont l'ambivalence indique autant la séparation que la proximité. Miniartextil a donc invité les artistes à proposer pour cette nouvelle édition leur vision de ce thème, autant géographique et politique que poétique et esthétique.
C'est la violence du fil barbelé d'Angela Corti, l'absurdité d'un mur, matérialisé au point de croix par Eli Jiménez Le Parc, les rêves brisés de l'exil, pour Maria Muñoz Terragrossa, ou encore l'espoir de douceur au-delà de la séparation chez Christine Läubli. Autant de manières d'inviter les visiteurs à réfléchir sur ce qui nous divise ou devrait nous unir, entre altérité et identité. Ne sommes-nous pas tous, comme l'exprime Anny Ferrario “Sur le même bateau” ?
(photo : Dominika Walczak In.stability, Plexiglas, fils de soie)
"BORDERLINE" OU L'ART À L'ÉTAT LIMITE
Borderline est un terme intraduisible en français, semble impliquer à la fois une manière d'atteindre un bord, une limite avant rupture, une certaine étrangeté, une sorte de folie, un équilibre précaire...C'est un peu tout cela qu'expérimentent les artistes de Miniartextil, au travers d'oeuvres parfois innovantes, souvent audacieuses.
Αudace et fantaisie
Associer des éléments a priori inconciliables, pour produire une oeuvre à la lisière du fantastique, tel est le choix, par exemple, de Magdalena Kleszynska dont la tasse à thé, digne de Lewis Caroll, associe le crochet et la porcelaine. De même la brésilienne Elke Hulse associe soie et fil barbelé dans un message contradictoire: "Touch me", le danger juste au coin de l'apparente douceur. L'artiste d'origine portugaise Ana Lucia Figueiredo, quant à elle, offre, dans une sorte de mini-diorama, un paysage changeant comme aux frontières de deux territoires, entre réalité et fantastique.
Ιnquiétante étrangeté
Parfois, le sentiment d'étrangeté surgit au milieu du quotidien le plus rassurant, et distille avec lui la sensation vague d'être au bord du dérangement. C'est cette "inquiétante étrangeté", thème de la littérature romantique autant que de la psychanalyse, qu'explore l'autoportrait de la coréenne Kang Kun, l'oeuvre "Family secrets" de Mirjam Pet-Jacobs, les "Mind games" de Claudia Cairoli ou encore l'effroi suscité par "The borderland of insanity", oeuvre de Florence Pinson-Ynden.
(photo ci-dessus : Claudia Cairoli, Mind games, Masque de plâtre, fils, racines, argile polymètre)Οbjets non identifiés
« Borderline » sont ces objets dont on ne sait ce qu'ils sont, à la frontière de plusieurs univers. Pris entre deux mondes, minéral et végétal, à la manière de l'oeuvre de l'artiste argentine Myriam Jawerbaum, formel et informel , comme dans l'oeuvre de coton et de résine de Xavier Brisoux, végétal et animal, comme chez Heidi Bedenknecht de Felice ou Gertraud Enzinger (Prix Arte & Arte cette année)...
Αux confins du réel et de l’abstraction
Certains artistes, comme Sybille Bezançon dans son oeuvre "Let E, an irrational number...", ont envisagé ce thème de "Borderline" comme une réflexion entre réel et abstraction, presque mathématique et géométrique, sur le monde. Chez Katharina Lehmann, le "soi" est matérialisé par une sphère enclose dans un cube. L'israëlo-américaine Ayelet Linderstrauss Larsen quant à elle matérialise – et limite- l'espace d'un possible.
LES MAXI-TEXTILES, DES INSTALLATIONS QUI DÉFIENT LA MESURE !
Miniartextil, c'est aussi depuis de nombreuses années, une présentation toujours exceptionnelle d'oeuvres de grand, parfois de très grand, format, qui ambitionnent de permettre au visiteur une expérience esthétique et sensorielle hors du commun. La 14e édition de Miniartextil présente au Beffroi de Montrouge 12 installations.
FOCUS SUR TROIS OEUVRES "MAXI-TEXTILES"
Emmanuelle Moureaux - Forest of Numbers, 2017
Papier, fil
Avec pour seuls matériaux du papier et du fil, cette oeuvre monumentale d'Emmanuelle Moureaux, architecte et designer française basée à Tokyo, nous plonge dans une forêt de chiffres conjuguant les territoires de la couleur et de l'abstraction. Ici, elle a créé le concept du "shikiri", qui signifie littéralement "diviser l'espace avec des couleurs". Cette oeuvre, composée de plus de 10 000 chiffres en 100 couleurs stratifiées dans une grille flottante tridimensionnelle, exprime, explique l'artiste, « l'existence débordante des nombres autour de nous ». Elle propose une véritable expérience sensorielle, à l'instar d'un « pénétrable » de Soto : un passage traverse l'installation pour permettre aux visiteurs de se plonger complètement dans la forêt de nombres.
(Photo ci-dessus : Emmanuelle Moureaux - Forest of Numbers © Giuseppe Vitali)
Brankica Žilovic Chauvain, Embrace Again, 2017
Fils, étoffes, épingles, carton
L'oeuvre de l'artiste serbe Brankica Zilovic déploie une cartographie métaphorique des "plis et replis" du monde, réévaluant ses frontières et déchirant nos certitudes. "Sommes-nous prêts à changer nos convictions ? A réévaluer complétement notre vision du monde ? Pouvons-nous expérimenter différemment la globalisation et les réseaux de communication ? Pouvons-nous rechercher quelque autre alternative aux lignes et aux frontières ? » Telles sont les questions que pose l'artiste grâce à cette oeuvre à la puissance colorée paradoxale, rouge d'espoir d'amour mais aussi de sang versé.
(photo © Giuseppe Vitali)
Alexandra Kehayoglou, Refugio para un Recuerdo II , 2015
Laine 100%
L'artiste argentine Alexandra Kehayoglou travaille le tissage manuel au travers de sculptures textiles, en appelant à la tapisserie et au tapis d'une manière exceptionnelle, donnant à ses paysages un volume et une réalité au-delà du trompe l'oeil sur la ligne entre nature et artifice. Ici, elle livre cette semi-réalité comme "un refuge pour un souvenir" au coeur de l'oeuvre.
(photo © Giuseppe Vitali)
MINIARTEXTIL DE CÔME À MONTROUGE : UNE TRADITION DE L'ART TEXTILE CHAQUE ANNÉE RENOUVELÉE
Initiée par les collectionneurs italiens Nazzarena Bortolaso et Mimmo Totaro, fondateurs de l’Association Arte&Arte, l’exposition Miniartextil est née en 1991, à Côme, ville ayant conservé une forte tradition d’industrie textile, notamment de la soie.
Chaque année, autour d’un thème choisi (cette année « Borderline ») le jury de Miniartextil sélectionne une cinquantaine d’oeuvres parmi des candidatures à chaque édition plus nombreuses, proposant une vue panoramique de la création internationale dans le domaine des mini-textiles.
Manifestation de référence internationale, Miniartextil est l’une des plus importantes expositions au monde consacrées à l’art textile et au mini-textile contemporain. L’association Arte&Arte produit cette exposition avec le parrainage du Ministère de la Culture d’Italie, de la Région Lombardie, de la Ville de Côme, de la Chambre de commerce de Côme et, depuis maintenant 14 ans, avec le concours de la Ville de Montrouge.
(photo : Wlodzimierz Cygan, No-Full)
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